Escapade au Vieux Marché

Mes chéris-chéris, savez-vous pourquoi j’aime Rouen et que je m’y sens si bien ? Rouen est l’ancienne cité des ducs de Normandie. C’est une ville ducale, comme moi en quelque sorte puisque je suis archiduchesse. Ici, à chaque coin de rue, j’hume la noblesse du parfum des pierres. Et je peux vous dire que cela me fait me pâmer d’aise autant que de mettre mon aristocratique tarin dans un flacon Dior ou Chanel.

Moi qui aime tenir le haut du pavé, j’aime à déambuler sur les pavés rouennais, l’air de rien incognito parmi les braves gens. J’ADORE m’encanailler, pas vous ? Bien sûr, frayer ainsi dans l’inconnu, loin des sentiers battus, n’est pas de tout repos. Point s’en faut, mes amis, point s’en faut ! D’ailleurs, à ce sujet, Il faut que je vous raconte ce qui m’est arrivé un jour alors que je partais faire un petit tour au Vieux Marché. Les Rouennais parlent de la place du Vieux… Pour ma part, je trouve cela un tantinet vulgaire… On m’a toujours appris à dire correctement les mots sans apocope. Bref, je me balade songeant à mon lointain ancêtre, Hubert compagnon d’armes de Jeanne D’Arc et chevalier du roi. Celui qui, selon les papiers de famille avait acquis au XVème siècle un joli bâtiment à colombages près de ces halles déjà réputées. La légende familiale dit qu’une jolie maraichère venait lui vendre ses fruits. Les dessous de l’histoire.

Perchée sur mes Louboutin, je m’aventure entre les chalands, riant en catimini des probables gauloiseries de cousin Hub. J’aurai dû regarder où j’allais... Une sorte de manant en planche à
roulettes m’a bousculée. Diantre ! Il s’en est fallu de peu pour que je chois sur le pavé, les quatre fers en l’air. Heureusement, un gentleman m’a rattrapée. « ô Rage,ô désespoir » m’a-t-il dit en me faisant un baise-main. Il était drôle avec sa barbiche et ses cheveux longs qui auraient eu besoin d’un soin de chez Dessange. Peut-être était-il une sorte de hippie grunge ? En tout cas, très bien élevé, avec des manières parfaites. Je n’ai à peine eu le temps de le remercier et de me présenter qu’il s’était déjà fondu dans la foule mon chevalier servant en me murmurant : avec les amitiés de Pierre Corneille. Seigneur, ai-je été sauvée par le Corneille du Cid ? j’étais toute émoustillée. Pour me remettre de mes émotions, je me suis installée à la terrasse de la Couronne pour y prendre un godet de calva hors d’âge. Il faut ce qu’il faut pour se remettre de ses émotions, même quand on est archiduchesse et que l’on est sauvé du ridicule par l’illustre Pierre Corneille.

Les conseils de Fabien :

Allez au 4 rue de la Pie pour voir la maison natale du célèbre Pierre Corneille.
Admirez le restaurant "La couronne", plus vieille auberge de France (1345), un restaurant gastronomique depuis 1935 servant le fameux canard à la rouennaise. 31 Place du Vieux Marché à Rouen.